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LES AIGLES


À Leconte de Lisle.


Le burg monstrueux d’ombre et les tours surplombantes

Usurpateurs de l’épouvantement des vents
Écoûtent dans l’effroi des ténèbres tombantes
Les Héros fils de Dzeus et les dieux survivants
Conquérir la montagne aux cris des corybantes.

Venus des eaux, des bois, des prés bleus, des étangs,
Des brises, descendus des cieux, montés des vagues,
Ils marchent à l’assaut des hautes portes vagues
De la Nuit romantique et du Songe et des Temps.

Ils marchent, éblouis, couverts de lumière, ivres
De fondre à leur soleil les neiges et les givres
Et d’enfoncer le jour dans le mur crevassé ;

Et voici qu’au-dessus des armes et des torches,
Beaux, et foudroyant d’or le noir deuil du Passé,

Les aigles blancs passent à travers les grands porches.