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LE GESTE DE LA LANCE


À Ferdinand Herold.


Naïf, aux yeux à fleur de tête et grands ouverts
Il a taché de sang le vol sacré du Cygne
Mais il pleure, le Fou, le Pur…
Une procession lente de chênes verts
S’ébranle vers la nuit où va rougir le Signe.

Sur le lys qui descend d’avoir regardé Dieu
Ne prévaudront les roses ni les chairs fleuries.
Il sait par la pitié la Blessure, et le Feu
Jailli des trous d’enfer par les sorcelleries.

Et la Femme aux yeux d’ombre en qui vivait l’effroi
D’avoir étreint dans ses genoux dressés le Roi,
Se prosterne entre ses cheveux de Madeleine.

Sanctus et hosanna vers le preux Parsifal
Qui, marchant sur les fleurs dans le soir triomphal,

Brandit à bout de bras vers le Graal la Lance !