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L’ANGE


À Maurice Quillot.


Il tombe, lumineux, bardé d’ombre et d’or, l’Ange
Envoyé par le bras de Dieu sur terre, pour
Terrasser l’Antéchrist sous ses paumes de jour
Et lever sur les fronts du monde la phalange
Où luit l’astral chaton révélateur d’amour.

Il tombe les genoux en avant, et ses voiles
Se heurtent aux pieds hauts comme des chocs de mer ;
Ses poings dressent la flamme effroyable du fer ;
Sa chevelure au vent roule, pleine d’étoiles.

Des hauteurs du ciel il tombe ; la terre est là.
Il apparaît dans l’ombre, surgit, sort le glaive,
Prosterne l’homme, et, furieux, bleu comme un rêve,

Fait de sa large main que l’anneau d’or scella
Fondre sur le cadavre et sa pourpre usurpée

L’éblouissant éclair foudroyé par l’épée.