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OUVERTURE DE TANNHAUSER



La nuit. Une plage infinie
Une multitude d’hommes, prolongée à perte de vue,
frissonne, et de leur murmure s’élève un chant :



frissonne, et dChœur D’hommes

Ô Beauté pure, ô Beauté grave et sereine.
  Seul désir de nos cœurs éperdus !
Quand ton chant vague, et bleu de rêve, ô Sirène,
Dans l’Idéal irrévélé nous entraîne,
  Nous prions, les deux bras étendus.

Vers ton aurore et vers ta forme adorée
  Nous tournons la lueur de nos yeux,
Et notre amour pour ton essence ignorée
Monte à nos cœurs, comme à nos pieds la marée
  Vient vers nous sur les flots glorieux.

Vers le léger scintillement de tes voiles
  Nous haussons nos poignets réunis.
Tes frissons tremblent doucement dans nos malles,
Aussi lointains que les frissons des étoiles…
  Viens vers nous sous les cieux infinis !