Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/127

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VOIX FUNÈBRE



Hurlez, trompes de fer, cors noirs, cornes d’aurochs !
Déroulez le long deuil devant les funérailles,
Voici l’heure : la pique a percé les entrailles,
Et le jeune champ vert gît troué par les socs.

Enfant, toi qui tranches par l’épée aux bleus chocs
L’épieu-roi d’Yggdrasill comme un jet de broussailles,
Toi qui vainquis mon père, et fis nos fiançailles
Sous le feu nuptial qui gardait mes grands rocs,

Hors du corps exposé dans l’orbe noir du porche,
Ombre échappe aux flots roux de la septuple torche,
Fumeuse par le vent qui soufre au corridor,

Pleure ! fuis ! tu n’es plus à la Walküre blonde,
Et par l’ordre d’Erda je rends la Bague d’or
Aux eaux du Rhin profond, générateur du monde.