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DANSEUSE


À Henry Lerolle.


Sur le fragile sol rêvé pour ses pieds nus,
Terre où le ciel du soir jette en eau claire et sombre
De transparentes fleurs et de longs bouquets d’ombre,
Tous les désirs sont derrière elle revenus.

En maillot mince, et si lucide, qu’elle semble
Sortir sans vêtement du lit de quelque dieu,
Elle inspire autour d’elle une source de feu,
Une écharpe affolée où tout le soleil tremble.

Alors, du fond des bois lissés par le pinceau,
Choyant de ses cheveux gonflés en blond berceau
Son corps svelte, que fouette un flot versicolore,

Elle, tourbillon rose ailé d’or bigarré,
Tourne, au rythme du luth et du fifre effaré,
Et dans ses hautes mains frappe le buis sonore.