Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/22

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Si Dieu prend tant de soin d’une herbe de ravin
Éclose ce matin et demain desséchée,
Faite pour vivre un jour et pour être fauchée,
Hommes de peu de foi ! Le prierez-vous en vain ? »

Méryem écoutait, en avançant la tête,
L’homme extraordinaire et grave. Elle rêvait…
Je ne sais quelle aurore en son cœur se levait…
Tout en elle fondait sous la voix du prophète.

« Confiez-vous à Dieu dans les jours de malheur,
Disait-il. C’est le Dieu d’amour et de clémence.
Hommes, repentez-vous ! La Sainte Providence
A pitié du remords et pardonne au pécheur.

La confiance en Dieu vous rendra plus robustes.
Oh ! devenez meilleurs ! Vraiment, je vous le dis,
Il rayonnera plus de joie au paradis
Pour un seul repenti que pour quarante justes.

Oui, devenez meilleurs, hommes qui m’écoutez !
S’il en est temps encor, reniez tous vos crimes,
Et fuyant pour toujours les infernaux abîmes,
Gagnez les paradis des Cieux illimités. »

Gagnez les paradis des Cieux Août 1888.