Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 2.djvu/210

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viendrait infiniment, il me tendit en souriant les feuillets où s’allongeait en lignes mauves, son écriture ronde et nette… et s’en fût ranger quelques livres.

Ce n’est presque rien, n’est-ce pas, ce tout petit geste ? Eh bien ! ne trouvez-vous pas, comme moi, que dans sa délicatesse charmante, il en dit long sur son auteur ?

Je savourai donc le petit poème, miniature de grâce et de volupté. Et j’aurais voulu feuilleter encore, feuilleter toujours, lire l’œuvre entière. Le souvenir que j’en ai gardé m’en donne comme la nostalgie.

Sincèrement, je crois pouvoir vous promettre en elle une œuvre aussi belle que la précédente, plus précieuse encore, peut-être, puisqu’au lieu d’évoquer le passé, elle fixera notre présent, préparant ainsi un document littéraire unique aux érudits des siècles futurs. Et j’éprouve une fierté joyeuse à l’annoncer à mes lectrices.

De l’admiration où me plongeaient ces petites Chansons modernes nous en vînmes naturellement à parler du style du maître. Il attribue en majeure partie cette face de son talent à la grande pratique du vers.

« Pendant des années, me dit-il, je ne laissais pas passer un seul jour sans écrire au moins quelques vers. »

L’habitude du langage des dieux donne en effet