Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 2.djvu/95

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LA BERCEUSE DE MNASIDIKA


Ma petite enfant, si peu d’années que j’aie de plus que toi-même, je t’aime, non pas comme une amante, mais comme si tu étais sortie de mes entrailles laborieuses.


Lorsque étendue sur mes genoux, tes deux bras frêles autour de moi, tu cherches mon sein, la bouche tendue, et me tettes avec lenteur entre tes lèvres palpitantes,


Alors je rêve qu’autrefois, j’ai allaité réellement cette bouche douillette, souple et baignée, ce vase myrrhin couleur de pourpre où le bonheur de Bilitis est mystérieusement enfermé.


Dors. Je te bercerai d’une main sur mon genou qui se lève et s’abaisse. Dors ainsi. Je chanterai pour toi les petites chansons lamentables qui endorment les nouveau-nés…