Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/32

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qui s’y engage ne peut plus s’en dégager. Mais j’ai pensé à toi, fils d’Aegée Pandionide, et dans l’intervalle de mes seins je t’apporte le salut. »

Elle glissa la main dans sa tunique, et en tira un peloton vert.

— « Voici, dit-elle. C’est mon fil de Milet. Il est fin comme un de mes cheveux, et long comme le tour de l’île. Avec lui j’aurais tissé des chemises vertes pour toutes les nymphes de cette forêt, ou un voile flottant pour la mer. Prends-le. Tu le dévideras tout entier jusqu’au séjour reculé du Monstre. Et tu le suivras pour revenir vers le jour. »

Elle se tourna du côté des victimes.

« Allez, cria-t-elle. Vous êtes sauves. »

Elles s’enfuirent. Myris ne partit point.

Thésée reçut le peloton de fil et demanda :

« Qui es-tu ?

— Je suis à toi.

— Ne puis-je te nommer ?

— Ariane, sept fois fille de Dzeus par les aïeules de mon père qui est Minos, roi de la Krête. Mais si un autre nom te plaît, dis-le, ce sera le mien. »

Comme s’il se penchait sur l’orient, il regarda les yeux d’Ariane. Et sans parler davantage, il pénétra dans le labyrinthe.

« Thésée ! Thésée ! » Elle appelait.

« Thésée, arrête-toi ! je ne puis attendre ; je veux aller ! Je veux te voir ! Oh ! je suis curieuse d’assister à ta victoire sanglante. Entre ! C’est moi qui