Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/45

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Amaryllis s’étendit toute languissante sur la mousse, et du bout de sa branche de saule toucha la main du plus jeune homme.

« À toi, dit-elle ; parle à ton tour, Clinias. Je veux un conte de toi. »

Clinias hésita quelque temps.

« J’ai retenu les légendes que tout le monde connaît ; mais je ne sais pas, comme Thrasès, les façonner selon mon esprit, ni comme toi les renouveler par la grâce des mots, Amaryllis. Je dirai ce que m’a raconté mon ami Biôn de Clazomène, à son retour d’Aethiopie.

— C’est une histoire vraie ? demanda Rhéa.

— Oui. Mais j’aime que vous la teniez pour une fable et que les personnages vous semblent suivis de l’ombre de leur symbole. Si j’avais quelque talent, il me faudrait peu de soins pour faire de cette courte histoire un poème en hexamètres. Peut-être seulement la généraliser. »