Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/93

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gloutit en tournant. Toutes les autres Néréides émergèrent alors, tout à coup, Eratô qui jette sur la mer les feuilles de rose du crépuscule, Euneikê dont les cheveux sous l’eau arrêtent les vaisseaux rapides, Amphitritê dont les yeux brillants apparaissent aux creux des vagues vertes, Galênê qui sait aplanir la houle, Pontoporéïa, qui soulève les eaux, Nesaiê qui parut une île aux voyageurs d’Occitanie, Themistô qui ravit l’étoile Iryllis et la mit pour bague à son orteil blanc, Kymatolêgê qui recueille et qui boit la mousseuse écume, Lysianassa qui commande au fond ténébreux de l’Océan, Hippothoë qui laisse passer les nefs noires entre ses jambes nues sans que les plus hauts mâts l’atteignent, et Dôris et Halimêdê qui se tiennent par la main, Evarné aux longs cils, Agavê aux doigts légers.

Quand elles furent toutes réunies comme un grand nuage flottant autour de la vasque lunaire, le grand Vieillard de la Mer apparut en avant : c’était Nereus, couronné d’algues, l’immortel de qui était née la race charmante des Déesses.

Il fit un signe, et le cortège de ses filles le suivit ; et au milieu d’elles flottait, entraînée, la vasque pleine de clarté glauque où dormait la blanche Danaë, avec l’enfant Perseus, sauvé des eaux inexorables.

Et l’apparition des figures divines se continua démesurément. On vit surgir tour à tour Protée et