Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sait, et les « ombres » n’avaient d’autre soin à prendre que d’apporter leur coussin de lit, et d’être bien élevées.

À la question de Chrysis, Arêtias répondit :

« Naucratès a prié Philodème avec sa maîtresse Faustine qu’il a ramenée d’Italie. Il a prié aussi Phrasilas et Timon, et ton amie Séso de Cnide. »

Au moment même, Séso entrait.

« Chrysis !

— Ma chérie ! »

Les deux femmes s’embrassèrent et se répandirent en exclamations sur l’heureux hasard qui les réunissait.

« J’avais peur d’être en retard, dit Séso. Ce pauvre Archytas m’a retenue…

— Comment, lui encore ?

— C’est toujours la même chose. Quand je vais dîner en ville, il se figure que tout le monde va me passer sur le corps. Alors il veut se venger d’avance, et cela dure ! Ah ! ma chère ! S’il me connaissait mieux ! Je n’ai guère envie de les tromper, mes amants. J’ai bien assez d’eux.

— Et l’enfant ? cela ne se voit pas, tu sais.

— Je l’espère bien ! j’en suis au troisième mois. Il pousse, le petit misérable. Mais il ne me gêne pas encore. Dans six semaines je me mettrai à danser ; j’espère que cela lui sera indigeste et qu’il s’en ira bien vite.