Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/174

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enfants roses qui n’ouvrent la bouche que pour boire du lait. Faustine, puisque tu es la nouvelle venue, commence.

— Très bien, dit Naucratès. Choisis pour nous, Faustine. De quoi devons-nous parler ? »

La jeune Romaine tourna la tête, leva les yeux, rougit, et, avec une ondulation de tout son corps, elle soupira :

« De l’amour.

— Très joli sujet ! » dit Séso en réprimant une envie de rire.

Mais personne ne prit la parole.

La table était pleine de couronnes, d’herbages, de coupes et d’aiguières. Des esclaves apportaient dans des corbeilles tressées des pains légers comme de la neige. Sur des plats de terre peinte, on voyait des anguilles grasses, saupoudrées d’assaisonnements, des alphestes couleur de cire et des callichtys sacrés.

On servit aussi un pompile, poisson pourpre qu’on croyait né de la même écume qu’Aphrodite, des boops, des bébradones, un surmulet flanqué de calmars, des scorpènes multicolores. Pour qu’on pût les manger brûlants, on présenta dans leurs petites casseroles un tronçon de myre, des thynnis replets et des poulpes chauds dont les bras étaient tendres ; enfin le ventre d’une torpille blanche, rond comme celui d’une belle femme.

Tel fut le premier service, où les convives choi-