Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/197

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Philodème, auprès de Faustine, dont il déchirait la robe, lui récitait en chantant les vers qu’il avait faits sur elle :

« Ô pieds, disait-il, ô cuisses douces, reins profonds, croupe ronde, figure fendue, hanches, épaules, seins, nuque mobile, ô vous qui m’affolez, mains chaudes, mouvements experts, langue active ! Tu es Romaine, tu es trop brune et tu ne chantes pas les vers de Sapphô ; mais Persée lui aussi a été l’amant de l’Indienne Andromède. »

Cependant, Séso, sur la table, couchée à plat ventre au milieu des fruits écroulés, et complètement égarée par les vapeurs du vin d’Égypte, trempait le bout de son sein droit dans un sorbet à la neige et répétait avec un attendrissement comique :

« Bois, mon petit. Tu as soif. Bois, mon petit. Bois. Bois. Bois. »

Aphrodisia, encore esclave, triomphait dans un cercle d’hommes et fêtait sa dernière nuit de servitude par une débauche désordonnée. Pour obéir à la tradition de toutes les orgies alexandrines, elle s’était livrée, tout d’abord, à trois amants à la fois ; mais sa tâche ne se bornait pas là, et jusqu’à la fin de la nuit, selon la loi des esclaves qui devenaient courtisanes, elle devait prouver par un zèle incessant que sa nouvelle dignité n’était point usurpée.

Seuls, debout derrière une colonne, Naucratès