Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et Phrasilas discutaient avec courtoisie sur la valeur respective d’Arcésilas et de Caméade.

À l’autre extrémité de la salle, Myrtocleia protégeait Rhodis contre un convive trop pressant.

Dès qu’elles virent rentrer Chrysis, les deux Éphésiennes coururent à elle.

« Allons-nous-en, ma Chrysé, Théano reste ; mais nous partons.

— Je reste aussi » dit la courtisane.

Et elle s’étendit à la renverse sur un grand lit couvert de roses.

Un bruit de voix et de pièces jetées attira son attention ; c’était Théano qui, pour parodier sa sœur, avait imaginé, au milieu des rires et des cris, de jouer par dérision la Fable de Danaé en affectant une volupté folle à chaque pièce d’or qui la pénétrait. L’impiété provocante de l’enfant couchée amusait tous les convives, car on n’était plus au temps où la foudre eût exterminé les railleurs de l’Immortel. Mais le jeu se dévoya, comme on pouvait le craindre. Un maladroit blessa la pauvre petite, qui se mit à pleurer bruyamment.

Pour la consoler, il fallut inventer un nouveau divertissement. Deux danseuses firent glisser au milieu de la salle un vaste cratère de vermeil rempli de vin jusqu’aux bords, et quelqu’un saisissant Théano par les pieds la fit boire, la tête en bas, secouée par un éclat de rire qu’elle ne pouvait plus calmer.