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de Sapphô et quelques autres petits ouvrages. Au milieu de cette bibliothèque idéale une jeune fille nue, couchée sur des coussins, se tait.

« Maintenant, murmure Chrysis en tirant d’un long étui d’or un manuscrit d’une seule feuille, voici la page de vers antiques que tu ne lis jamais seul sans pleurer. »

Le jeune homme lit au hasard :


Οί μὲν ἄρ’ ὲθρήνεον, ὲπἱ δὲ στενὰχοντο γυηαῑϰεϛ
Τῆσιν δ’Ανδρομἀχη λευϰώλεμος ᾗρχε γόοιο,
Ἕϰτορος άνδροφόνοιο ϰάρη μετὰ χερσὶν ἔχουσα
ᾎνερ, ὰπ’ ὰἰᾧνος νέος ᾤλεο, ϰαδδέ με χήρην
Αείπεις έν μεγάροισι πάῑς δ’ἔτι νῄπιο αὔτως,
Ὂν τέϰομεν σὺ τ’ἐγώ τε δυσάμμοροι…


Il s’arrête, jetant sur Chrysis un regard attendri et surpris :

« Toi ? lui dit-il. C’est toi qui me montres ceci ?

— Ah ! tu n’as pas tout vu. Suis-moi. Suis-moi vite ! »

Ils ouvrent une autre porte.


La seconde chambre est carrée. Une seule fenêtre l’éclaire, où s’encadre toute la nature. Au milieu, un chevalet de bois porte une motte d’argile rouge, et dans un coin, sur une chaise courbe, une jeune fille nue se tait.

« C’est ici que tu modèleras Andromède, Zagreus