Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/269

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ments funèbres qui la cachaient de tous côtés et l’enfermaient dans un triangle. L’endroit était bien choisi pour enfouir un secret mortel.

Chrysis se glissa comme elle put dans le passage étroit et pierreux : en voyant la statue, elle pâlit légèrement.

Le dieu à tête de chacal était debout, la jambe droite en avant, la coiffure tombante et percée de deux trous d’où sortaient les bras. La tête se penchait du haut du corps rigide, suivant le mouvement des mains qui faisaient le geste de l’embaumeur. Le pied gauche était descellé.

D’un regard lent et craintif, Chrysis s’assura qu’elle était bien seule. Un petit bruit derrière elle la fit frissonner ; mais ce n’était qu’un lézard vert qui fuyait dans une fissure de marbre.

Alors elle osa prendre enfin le pied cassé de la statue.

Elle le souleva obliquement et non sans quelque peine, car il entraînait avec lui une partie du socle évidé qui reposait sur le piédestal.

Et sous la pierre elle vit briller tout à coup les énormes perles.

Elle tira le collier tout entier. Qu’il était lourd ! Elle n’aurait pas pensé que des perles presque sans monture pussent peser d’un tel poids à la main. Les globes de nacre étaient tous d’une merveilleuse rondeur et d’un orient presque lunaire. Les sept rangs se succédaient, l’un après