Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/33

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« Elle est effrayante. C’est la face de Méduse. »

Chrysis posa son pied sur la nuque de l’esclave et dit en tremblant :

« Djala… »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Peu à peu la nuit était venue ; mais la lune était si lumineuse que la chambre s’emplissait de clarté bleue. Chrysis nue regardait son corps où les reflets étaient immobiles et d’où les ombres tombaient très noires.

Elle se leva brusquement : « Djala, cesse, à quoi pensons-nous ! Il fait nuit, je ne suis pas sortie encore. Il n’y aura plus sur l’heptastade que des matelots endormis. Dis-moi, Djala, je suis belle ?

« Dis-moi, Djala, je suis plus belle que jamais, cette nuit ? Je suis la plus belle des femmes d’Alexandrie, tu le sais ? N’est-ce pas qu’il me suivra comme un chien, celui qui passera tout à l’heure dans le regard oblique de mes yeux ? N’est-ce pas que j’en ferai ce qu’il me plaira, un esclave si c’est mon caprice, et que je puis attendre du premier venu la plus servile obéissance ? Habille-moi, Djala. »

Autour de ses bras, deux serpents d’argent s’enroulèrent. À ses pieds, on fixa des semelles de sandales qui s’attachaient à ses jambes brunes