Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 5.djvu/85

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Elle disait ceci :

« Si vous m’aviez aimée, vous m’auriez attendue. Je voulais me donner à vous ; vous avez demandé qu’on me vendît. Jamais plus vous ne me reverrez.

Conchita. »


Deux minutes après, j’étais à cheval, et midi n’avait pas sonné quand j’arrivai à Séville, presque étourdi de chaleur et d’angoisse.

Je montai rapidement, je frappai vingt fois.

Le silence.


Enfin une porte s’ouvrit derrière moi, sur le même palier, et une voisine m’expliqua longuement que les deux femmes étaient parties le matin dans la direction de la gare, avec leurs paquets, et qu’on ne savait même pas quel train elles avaient pris.


— Elles étaient seules ? demandai-je.

— Toutes seules.

— Pas d’homme avec elles ? vous êtes sûre ?

— Jésus ! je n’ai jamais vu d’autre homme que vous en leur compagnie.

— Elles n’ont rien laissé pour moi ?

— Rien ; elles sont brouillées avec vous, si je les crois.

— Mais reviendront-elles ?