Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/212

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des faits subséquents ni soumis à l’initiative de l’un des époux. À l’instant même où a lieu la consommation légitime de ce mariage, tous les crimes contre les mœurs se trouvent perpétrés à la fois ! et ni l’un ni l’autre des conjoints ne peut empêcher qu’il n’en soit ainsi, ou alors il leur faut renoncer à s’unir.

L’ami du président resta quelque temps méditatif, puis il demanda :

— C’est un conte de fées ?

— Nullement. Rien n’est plus authentique. L’histoire est possible, vraisemblable et vraie. J’irai plus loin : si le cas est unique à ma connaissance, il est évident qu’il a eu dans le passé plusieurs précédents que j’ignore, et il se représentera dans l’avenir, n’en doutez pas un instant. En effet, la situation de la jeune fille ne lui est pas particulière, et l’aventure ne dépend pas du fiancé : n’importe quel homme à sa place eût traversé les mêmes épreuves.

— Alors expliquez-moi. Je ne devine pas du tout.

M. Barbeville commença ainsi :

— Vous devinerez dès le premier mot. Une Italienne de Paris accoucha un jour d’un enfant double. Ces couches étaient clandestines et la sage-femme qui les soigna n’eut garde de communiquer le fait à l’Académie des Sciences. L’enfant (une ou deux petites filles, selon qu’on l’examinait par