Tu ne l’as pas comprise, enfant, ta mère si bonne, et si sage, et si belle, et si vénérable. Elle t’a parlé des hommes barbares qui traversent parfois les campagnes, le bouclier sur le bras gauche et l’épée dans la main droite. Ceux-là seraient méchants pour toi, car tu es faible et ils sont forts. Dans les cités qu’ils ont prises pendant les détestables guerres, ils ont tué beaucoup de jeunes vierges presque aussi belles que tu l’es et ils ne t’épargneraient pas s’ils te trouvaient sur leur chemin. Mais moi, quel mal pourrais-je te faire ? Je n’ai que ma peau de mouton sur l’épaule et ma baguette à la main. Regarde-moi. Suis-je donc si terrible ?
Non, Chevrier. Tes paroles sont douces et je les écouterais longtemps… Mais les plus douces paroles sont perfides, m’a-t-on dit, lorsque la bouche d’un jeune homme les murmure à l’une de nous.
Me répondras-tu si je te pose une question ?
Oui.
À quoi songeais-tu, sous l’olivier noir, lorsque j’ai passé ?