Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
arcas

Tu ne l’as pas comprise, enfant, ta mère si bonne, et si sage, et si belle, et si vénérable. Elle t’a parlé des hommes barbares qui traversent parfois les campagnes, le bouclier sur le bras gauche et l’épée dans la main droite. Ceux-là seraient méchants pour toi, car tu es faible et ils sont forts. Dans les cités qu’ils ont prises pendant les détestables guerres, ils ont tué beaucoup de jeunes vierges presque aussi belles que tu l’es et ils ne t’épargneraient pas s’ils te trouvaient sur leur chemin. Mais moi, quel mal pourrais-je te faire ? Je n’ai que ma peau de mouton sur l’épaule et ma baguette à la main. Regarde-moi. Suis-je donc si terrible ?

melitta

Non, Chevrier. Tes paroles sont douces et je les écouterais longtemps… Mais les plus douces paroles sont perfides, m’a-t-on dit, lorsque la bouche d’un jeune homme les murmure à l’une de nous.

arcas

Me répondras-tu si je te pose une question ?

melitta

Oui.

arcas

À quoi songeais-tu, sous l’olivier noir, lorsque j’ai passé ?