Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/199

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I


J’écris un roman qui est d’une difficulté extrême… Tu vas me dire que ma machine s’est rouillée depuis quatre ans ; je ne crois pas. Cela tient au plan.

L’héroïne interpelle le héros dès la première ligne et le dialogue continuera pendant cinquante pages avec moins d’indications de scènes qu’il n’y en aurait dans un drame. Il n’est pas possible de réduire davantage le hors-d’œuvre, le remplissage et toutes les facilités du roman. Ce premier dialogue est un roman complet à lui tout seul.

En outre, au début d’un livre qui sera très curieux, il commence par dix pages de pure blague ; plaisanterie ne serait pas assez dire. Et brusquement, sans transition, sans prétexte, sans que rien se soit passé dans l’action, il saute dans le lyrisme le plus exalté. Imagine un chapitre de Willy qui aurait été achevé par un élève de Chateaubriand.

J’ai cru que je n’en sortirais pas. Hier, je me suis rappelé à temps pour me remonter, qu’il y