Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/35

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— Tout est extraordinaire, dit Djala, ou rien. Les jours se ressemblent.

— Mais non. Autrefois, ce n’était pas ainsi. Dans tous les pays du monde, les dieux sont descendus sur la terre et ont aimé des femmes mortelles. Ah ! sur quels lits faut-il les attendre, dans quelles forêts faut-il les chercher, ceux qui sont un peu plus que des hommes ? Quelles prières faut-il dire pour qu’ils viennent, ceux qui m’apprendront quelque chose ou qui me feront tout oublier ? Et si les dieux ne veulent plus descendre, s’ils sont morts, ou s’ils sont trop vieux, Djala, mourrai-je aussi sans avoir vu un homme qui mette dans ma vie des événements tragiques ? »

Elle se retourna sur le dos et tordit ses doigts les uns sur les autres.

« Si quelqu’un m’adorait, il me semble que j’aurais tant de joie à le faire souffrir jusqu’à ce qu’il en meure ! Ceux qui viennent chez moi ne sont pas dignes de pleurer. Et puis, c’est ma faute, aussi : c’est moi qui les appelle, comment m’aimeraient-ils ?

— Quel bracelet, aujourd’hui ?

— Je les mettrai tous. Mais laisse-moi. Je n’ai besoin de personne. Va sur les marches de