Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/113

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domicile et je n’aime pas à juger les gens d’après la plaque de leur rue.

Au dernier étage, elle s’arrêta sur le palier bordé d’une balustrade de bois et donna trois petits coups de poing dans une porte brune qui s’ouvrit avec effort.

« Maman, laisse entrer, dit l’enfant. C’est un ami. »

La mère, une femme flétrie et noire, qui avait encore des souvenirs de beauté, me toisa sans grande confiance. Mais à la façon dont sa fille poussa la porte et m’invita sur ses pas, il m’apparut qu’une seule personne était maîtresse dans ce taudis et que la reine mère avait abdiqué la régence.

« Regarde, maman : douze mandarines ; et regarde encore : un napoléon.

— Jésus, dit la vieille en croisant les mains. Et comment as-tu gagné tout cela ? »

J’expliquai rapidement notre double rencontre, en wagon et à la Fabrique, et j’amenai la conversation sur le terrain des confidences.