Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/155

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« Non, tout à l’heure.

— Qu’y a-t-il encore ?

— Je ne suis pas disposée, voilà tout. »

Et elle referma son corsage.

Vraiment je souffrais. Maintenant je la suppliais presque avec brusquerie, en luttant contre ses mains qui redevenaient protectrices. Je l’aurais chérie et malmenée à la fois. Son obstination à me séduire et à me repousser, ce manège qui durait depuis un an déjà et redoublait à la suprême minute où j’en attendais le dénouement, arrivait à exaspérer ma tendresse la plus patiente.

« Ma petite, lui dis-je, tu joues de moi, mais prends garde que je ne me lasse.

— C’est ainsi ? Eh bien, je ne vous aimerai même pas aujourd’hui, don Mateo. À demain.

— Je ne reviendrai plus.

— Vous reviendrez demain. »

Furieux, je remis mon chapeau et sortis, déterminé à ne plus la revoir.