Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/224

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La grille demeurait fermée.

« À présent, baisez le bas de ma jupe, et le bout de mon pied sous la mule. »

Sa voix était comme radieuse.

Elle reprit :

« C’est bien. Maintenant, allez-vous-en. »

Une sueur d’effroi coula sur mes tempes. Il me semblait que je devinais tout ce qu’elle allait dire et faire.

« Conchita, ma fille… Tu ris… dis-moi que tu ris.

— Ah ! oui, je ris ! je vais te le dire, tiens ! s’il ne te faut que cela. Je ris ! je ris ! es-tu content ? Je ris de tout mon cœur, écoute, écoute comme je ris bien ! Ha ! ha ! je ris comme personne n’a ri depuis que le rire est sur les bouches ! Je me pâme, j’étouffe, j’éclate de rire ! on ne m’a jamais vue si gaie ; je ris comme si j’étais grise. Regarde-moi bien, Mateo, regarde comme je suis contente ! »