Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/23

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têtes chargées de cheveux pesants. Les papelillos tombent comme la neige. L’ombre des éventails teinte de bleu pâle les petites joues poudrerizées. Des cris, des appels, des rires bourdonnent ou glapissent dans les rues étroites. Quelques milliers d’habitants font, ce jour de carnaval, plus de bruit que Paris tout entier.

Or, le 23 février 1896, dimanche de Piñatas, André Stévenol voyait approcher la fin du carnaval de Séville, avec un léger sentiment de dépit, car cette semaine essentiellement amoureuse ne lui avait procuré aucune aventure nouvelle. Quelques séjours en Espagne lui avaient appris cependant avec quelle promptitude et quelle franchise de cœur les nœuds se forment et se dénouent sur cette terre encore primitive, et il s’attristait que le hasard et l’occasion lui eussent été défavorables.

Tout au plus, une jeune fille avec laquelle il avait engagé une longue bataille de serpentins entre la rue et la fenêtre, était-elle descendue