Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/234

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Incapable de dormir, je ne me couchai même point. Le jour me trouva debout et marchant, dans la pièce où nous sommes, des fenêtres à la porte. En passant devant une glace, je vis sans étonnement que j’étais devenu gris.

Au matin, on me servit un premier déjeuner quelconque sur une table du jardin. J’étais là depuis dix minutes, sans faim, sans souffrance, sans pensée, quand je vis venir à moi du fond d’une allée, presque du fond d’un rêve, Concha.

Oh ! ne soyez pas surpris. Rien n’est imprévu quand on parle d’elle. Chacune de ses actions est toujours, à coup sûr, stupéfiante et scélérate. Tandis qu’elle approchait de moi, Je me demandais anxieusement quelle convoitise la poussait, du désir de contempler une fois encore son triomphe, ou du sentiment qu’elle pourrait peut-être, par une manœuvre aventureuse, achever à son profit ma ruine matérielle. L’une et l’autre explications étaient également vraisemblables.

Elle se pencha de côté pour passer sous une