Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/256

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vis pas à mon côté. Une lettre était sur la table et me disait en quelques lignes :

« Mateo qui ne m’aimes plus ! Je me suis levée pendant ton sommeil et j’ai été retrouver mon amant, hôtel X…, chambre 6 : tu peux me tuer là si tu veux, la serrure restera ouverte. Je prolongerai ma nuit d’amour jusqu’à la fin de la matinée. Viens donc ! j’aurai peut-être la chance que tu me voies pendant une étreinte.

« Je t’adore.

« Concha. »

J’y allai. Quelle heure que celle-là, mon Dieu ! Un duel suivit. Ce fut un scandale public. On a pu vous en parler…

Et, quand je pense que tout ceci était fait « pour m’attacher » ! Jusqu’où l’imagination des femmes peut-elle les aveugler sur l’amour viril !

Ce que je vis dans cette chambre d’hôtel survécut désormais comme un voile entre Concha et moi. Au lieu de fouetter mon désir,