Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/170

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Nous reposons, les yeux fermés ; le silence est grand autour de notre couche. Nuits ineffables de l’été ! Mais elle, qui me croit endormie, pose sa main chaude sur mon bras.

Elle murmure : « Bilitis, tu dors ? » Le cœur me bat, mais, sans répondre, je respire régulièrement comme une femme couchée dans les rêves. Alors elle commence à parler :

« Puisque tu ne m’entends pas, dit-elle, ah ! que je t’aime ! » Et elle répète mon nom. « Bilitis… Bilitis… » Et elle m’effleure du bout de ses doigts tremblants :

« C’est à moi, cette bouche ! à moi seule ! Y en a-t-il une plus belle au monde ? Ah ! mon bonheur, mon bonheur ! C’est à moi ces bras nus, cette nuque et ces cheveux… »