Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le soleil a passé toute la nuit chez les morts depuis que je l’attends, assise sur mon lit, lasse d’avoir veillé. La mèche de la lampe épuisée a brûlé jusqu’à la fin.

Elle ne reviendra plus : voici la dernière étoile. Je sais bien qu’elle ne viendra plus. Je sais même le nom que je hais. Et cependant j’attends encore.

Qu’elle vienne maintenant ! oui, qu’elle vienne, la chevelure défaite et sans roses, la robe souillée, tachée, froissée, la langue sèche et les paupières noires !

Dès qu’elle ouvrira la porte, je lui dirai… mais la voici… C’est sa robe que je touche, ses mains, ses cheveux, sa peau. Je l’embrasse d’une bouche éperdue, et je pleure.