Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/198

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Pour qui maintenant farderais-je mes lèvres ? Pour qui polirais-je mes ongles ? Pour qui parfumerais-je mes cheveux ?

Pour qui mes seins poudrés de rouge, s’ils ne doivent plus la tenter ? Pour qui mes bras lavés de lait s’ils ne doivent plus jamais l’étreindre ?

Comment pourrais-je dormir ? Comment pourrais-je me coucher ? Ce soir ma main, dans tout mon lit, n’a pas trouvé sa main chaude.

Je n’ose plus rentrer chez moi, dans la chambre affreusement vide. Je n’ose plus rouvrir la porte. Je n’ose même plus rouvrir les yeux.