Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/214

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Chantez un chant funèbre, muses Mytiléniennes, chantez ! La terre est sombre comme un vêtement de deuil et les arbres jaunes frissonnent comme des chevelures coupées.

Héraïos ! ô mois triste et doux ! les feuilles tombent doucement comme la neige ; le soleil est plus pénétrant dans la forêt plus éclaircie. Je n’entends plus rien que le silence.

Voici qu’on a porté au tombeau Pittakos chargé d’années. Beaucoup sont morts, que j’ai connus. Et celle qui vit est pour moi comme si elle n’était plus.

Celui-ci est le dixième automne que j’ai vu mourir sur cette plaine. Il est temps aussi que je disparaisse. Pleurez avec moi, muses Mytiléniennes, pleurez sur mes pas !