Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/254

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Chairs en fleurs, ô mes seins ! que vous êtes riches de volupté ! Mes seins dans mes mains, que vous avez de mollesses et de moelleuses chaleurs et de jeunes parfums !

Jadis, vous étiez glacés comme une poitrine de statue et durs comme d’insensibles marbres. Depuis que vous fléchissez je vous chéris davantage, vous qui fûtes aimés.

Votre forme lisse et renflée est l’honneur de mon torse brun. Soit que je vous emprisonne sous la résille d’or, soit que je vous délivre tout nus, vous me précédez de votre splendeur.

Soyez donc heureux cette nuit. Si mes doigts enfantent des caresses, vous seuls le saurez jusqu’à demain matin ; car, cette nuit, Bilitis a payé Bilitis.