Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/40

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Un vieillard aveugle habite la montagne. Pour avoir regardé les nymphes, ses yeux sont morts, voilà longtemps. Et depuis, son bonheur est un souvenir lointain.

« Oui, je les ai vues, m’a-t-il dit : Helopsychria, Limnanthis ; elles étaient debout, près du bord, dans l’étang vert de Physos. L’eau brillait plus haut que leurs genoux.

« Leurs nuques se penchaient sous les cheveux longs. Leurs ongles étaient minces comme des ailes de cigales. Leurs mamelons étaient creux comme des calices de jacinthes.

« Elles promenaient leurs doigts sur l’eau et tiraient de la vase invisible les nénufars à longue tige. Autour de leurs cuisses séparées, des cercles lents s’élargissaient… »