Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/52

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Je me jetai dans ses bras en pleurant, et longtemps elle sentit couler mes larmes chaudes sur son épaule, avant que ma douleur me laissât parler :

« Hélas ! je ne suis qu’une enfant ; les jeunes hommes ne me regardent pas. Quand aurai-je comme toi des seins de jeune fille qui gonflent la robe et tentent le baiser ?

« Nul n’a les yeux curieux si ma tunique glisse ; nul ne ramasse une fleur qui tombe de mes cheveux ; nul ne dit qu’il me tuera si ma bouche se donne à un autre. »

Elle m’a répondu tendrement : « Bilitis, petite vierge, tu cries comme une chatte à la lune et tu t’agites sans raison. Les filles les plus impatientes ne sont pas les plus tôt choisies. »