Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/84

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Comme nous l’aimions toutes les deux, nous l’avons joué aux osselets. Et ce fut une partie célèbre. Beaucoup de jeunes filles y assistaient.

Elle amena d’abord le coup des Kyklôpes, et moi, le coup de Solôn. Mais elle le Kallibolos, et moi, me sentant perdue, je priais la déesse !

Je jouai, j’eus l’Epiphénôn, elle le terrible coup de Khios, moi l’Antiteukhos, elle le Trikhias, et moi le coup d’Aphroditê qui gagna l’amant disputé.

Mais la voyant pâlir, je la pris par le cou et je lui dis tout près de l’oreille (pour qu’elle seule m’entendit) : « Ne pleure pas, petite amie, nous le laisserons choisir entre nous. »