Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/98

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Toute seule je m’étais endormie, comme une perdrix dans la bruyère. Le vent léger, le bruit des eaux, la douceur de la nuit m’avaient retenue là.

Je me suis endormie, imprudente, et je me suis réveillée en criant, et j’ai lutté, et j’ai pleuré ; mais déjà il était trop tard. Et que peuvent les bras d’une fille ?

Il ne me quitta pas. Au contraire, plus tendrement dans ses bras, il me serra contre lui et je ne vis plus au monde ni la terre ni les arbres mais seulement la lueur de ses yeux…

A toi, Kypris victorieuse, je consacre ces offrandes encore mouillées de rosée, vestiges des douleurs de la vierge, témoins de mon sommeil et de ma résistance.