Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/118

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— Embrassez-moi comme tout à l’heure, voulez-vous ?

Et quand leurs bouches se désunirent :

— Comme c’est délicieux reprit-elle. Qui a pu vous apprendre cela ?

— Je l’ai inventé, dit la danseuse.

— Oh ! que c’est bien ! Quel âge avez-vous ?

— Dix-huit ans. Et vous ?

— Quatorze… Voulez-vous recommencer ?

Le jeu était dangereux pour la jeune Mirabelle. Si maîtresse qu’elle, fût de son attitude, si décidée à ne rien brusquer, à préparer ses voies par le ménagement, la lenteur et l’insinuation, il y eut dans sa pensée un moment de trouble où elle ne put se contenir. Elle tâtonna d’abord la robe à l’endroit où les petits seins en gonflaient l’étoffe mince et chaude ; puis, profitant des facilités exceptionnelles que l’habillement de la blanche Aline offrait aux gestes sympathiques, elle risqua certaines recherches qui témoignaient, sinon encore de ses complaisances, au moins de ses curiosités.

Line, docile et instinctive, se prêtait volontiers à tout. Mirabelle en perdit l’esprit. Encouragée par les ténèbres, certaine qu’on ne verrait point le sang des voluptés affluer à son visage, elle s’aban-