Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/124

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monde ; mais le globe enfermait une gourde à porto, et le sceptre un éventail.

La mule Macarie, personne nonchalante, portait ce faible édifice d’un air distrait et résigné, le même air que prenait Pausole sous le poids des charges de l’État. Elle était blanche de robe avec le bout de la queue et le toupet gris souris. Son pas était relevé, mais lent. Jamais elle ne dormait moins de seize heures par jour.

Taxis montait le noir Kosmon, cheval hongre, sans vices, sans vertus et d’ailleurs aussi stupide que seul un cheval peut être. Kosmon n’avait ni race ni forme. Son maître l’estimait toutefois, car il partait toujours du même pied, méprisait la senteur déshonnête que répand la queue des pouliches et connaissait si bien le sentiment de son devoir qu’il serait allé tout droit dans les fossés, si l’on avait oublié de lui tourner la bride à temps.

Giglio avait choisi dans les écuries du Roi un jeune zèbre couleur de feu, avec quatre balzanes, le dos tigré de noir et le chanfrein étoilé. L’animal avait nom Himère ; il était pétulant et capricieux. Sa robe allait de pair avec le costume du page et depuis la plume antenne jusqu’aux petits sabots de la troisième paire de pattes, ils avaient l’air de