Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/173

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— Hé ! fit Giglio, monsieur ! hé ! Monsieur !

Taxis ne le reconnut point, car la voix était contrefaite ainsi que le vêtement et l’allure.

— Quoi ? Que me voulez-vous ? cria-t-il.

— C’est-il que vous cherchez le Roi ?

— Cela ne vous regarde pas.

— Sûr que non. Je disais ça… c’est parce que si vous le cherchiez… comme il est rentré au palais…

— Lui ?

— Même qu’il était coléreux à cause que vous n’étiez pas là. Mais ça ne me regarde pas non plus. Bonne nuit, monsieur, Il fait bon, ce soir. Faut prier qu’il repleuve un peu.

Taxis eut un geste qui signifiait :

« Voilà qui est fâcheux ! Fâcheux ! »

Il fit tourner bride au docile Kosmon et pour la seconde fois repartit sur la route.

Cependant Giglio, d’un pas égal et balancé, suivait la rue du petit village. Ses bras étaient aussi rigides que s’il avait porté vingt litres de lait pesant à chacun de ses poings fermés. Il longeait les maisons obscures, il évitait les passants et, pour ajouter un signe décisif à ceux de son nouveau costume, il se tenait en arrière comme une fille qui porte sa faute.