Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/194

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net de toilette, elle l’étreignit avec une passion dont il vit aussitôt le dessein étranger.

Elle le serra dans ses bras, elle moula son corps nu et chaud sur le maillot de mince étoffe et mit sur les lèvres du page un baiser du genre pénétrant. Puis elle lui représenta en termes concis qu’il pourrait disposer d’elle bien au delà des bornes honnêtes et toutes les fois qu’il le souhaiterait, s’il voulait, en revanche, se montrer charitable envers deux malheureuses amies, ne pas dénoncer leur asile, ne pas assister à leurs jeux et goûter l’exercice de l’une assez pour en oublier l’autre.

— Eh bien, fit Giguelillot, vous avez une jolie opinion de moi ! Il ne vous manque plus que de m’offrir vos bagues avec un objet d’art en bronze peinturluré. Allons, calmez-vous. Et maintenant, demandez-moi pardon. Mieux que cela. Les mains jointes. Les yeux baissés. Dites : « Pardon, monsieur, je ne le ferai plus. »

Mirabelle l’embrassa encore, mais cette fois sur les deux joues.

— Vous ne parlerez pas ?

— Je n’y ai jamais songé.

— Mais vous êtes page du Roi ? Vous venez de sa part ?

— On ne costume pas les pages en filles de