Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/255

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— Les Parisiennes veulent plaire à tout le monde et elles ont un respect très particulier pour les vieux messieurs… Il s’exprime différemment selon la femme et selon l’heure du jour…

— Oh ! Dites-nous ! C’est si curieux, ces mœurs des pays sauvages…

— Dans les classes inférieures, la femme exprime sa déférence envers l’homme âgé en levant le pied à la hauteur de son œil. Ce geste est généralement accompagné d’une exclamation ironique ou injurieuse ; mais le septuagénaire est enchanté. Si la scène se passe dans un bal public, la police et la tradition veulent que la femme montre en même temps des dessous multiples, beaucoup de fausses dentelles et de madapolams sales. L’habitué du Moulin-Rouge ou du Casino de Paris n’aime que l’élégance de la cuisse, et il distingue assez mal le linon de la cotonnade : plus il y a de linge, plus il est content. Si, au contraire, nous sommes au cabaret ou dans la rue le soir, ou dans les familles simples, il ne faut porter de linge nulle part pour ravir le septuagénaire par ce salut de bas en haut. Les ethnologues constatent, sans les expliquer, ces contradictions du goût français.

— Vous avez vécu dans ce pays-là ?

— J’y suis né, madame.