Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/257

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— Les jeunes gens ? la plupart pensent comme leurs grands-pères… Ils obtiennent des retroussés plus complets, voilà tout… Les autres n’osent pas protester…

— Et les dames ?

— Oh ! les dames en ont tellement l’habitude ! Et puis c’est la mode : on ne peut rien contre elle… Tout à l’heure, j’entendais M. Lebirbe dire au Roi que, sur son théâtre, les amoureuses se mettaient nues avant de chanter « Extase ! Ivresse ! » Mais à Paris, monsieur Lebirbe, personne n’y comprendrait rien. L’uniforme des courtisanes, c’est le corset noir et les bas noirs avec ou sans pantalon ; autrefois, cela se gardait même au lit, disent, les bons auteurs ; maintenant cela ne se porte plus qu’à la chambre, et voilà un point de gagné, mais le public des petits théâtres le sait-il ? Pour lui, toutes les femmes nues représentent la même personne, la seule qu’il ait jamais vue dans les journaux illustrés : c’est la Vérité sur M. Dreyfus. Si on la faisait venir en scène, il y aurait des manifestations.

— Ha ! Ha ! dit Pausole, tu exagères un peu.

— Je crois même qu’il invente, fit Diane inquiète. Des mœurs pareilles ne peuvent exister nulle part.