Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des galeries de musée, conduisaient à des chambres vides.

Les suisses avaient laissé leurs hallebardes et les dames d’honneur leurs petits ouvrages harponnés d’un crochet hâtif. Pausole donna du pied dans un phonographe resté seul, qui lui bêlait aux oreilles la sérénade de Méphisto.

Il crut que tout le monde était parti à la suite de la Princesse et que la Cour s’était fait enlever pour lui plaire en imitant son gracieux précédent.

Pourtant, dans l’angle d’une fenêtre une blanchisseuse se trouva prise.

Le roi voulut lui demander :

— Est-ce vrai ?

Sa gorge n’articula rien. D’ailleurs, l’attitude effarée de la domestique lui montrait la candeur d’une question si vaine.

Pausole reprit sa marche à travers les appartements.

Il traversa quinze salons où les fauteuils gardaient partout des positions familières. Aucun d’eux n’était occupé.

Il passa dans la salle des portraits et s’arrêta devant celui qui rappelait encore un peu à sa mémoire confuse la très souple Reine Christiane, mère de la Princesse Aline.