Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/398

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faubourgs de Hambourg et des cloaques de Marseille, de tous les milieux enfin où l’enfance pousse en liberté, se mêle et s’unit selon ses instincts, sans retenue et sans contrôle…

Pausole, fatigué d’avoir tant parlé, se reposa en interrogeant :

— Aboutissez-vous ? Dit-il.

— Pas toujours, répondit le vieillard. Nous sommes cependant satisfaits, au moins par comparaison. Une Société d’un pays voisin (œuvre dont je parlerai d’ailleurs avec tout le respect que mérite a priori une institution charitable) s’est donné pour mission de ne libérer ses filles que vierges ou mariées. On ne sait pas bien pourquoi. Mais voici des chiffres : en treize ans, cette Société a recueilli près de deux mille cent cinquante enfants…

Giguelillot glapit :

— « C’est beaucoup, dit Candide. »

Le président continua :

— Et sur ce nombre énorme de jeunes nubilités, savez-vous combien elle a marié de filles ?… Deux.

Giguelillot grommela :

« — C’est beaucoup, dit Martin. »

Mais le président restait grave :

— Nous, au contraire, depuis sept années, sur