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Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/22

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La reine poussa un grand cri :

— Que dis-tu là ?… Accepter pareille chose !… Mais c’est un crime, Dieu le défend… Songes-y bien, on ne peut marier ensemble le frère et la sœur…

— Bah !… C’est une idée que nous nous faisons. Cela se pratiquait couramment jadis en Égypte et la reine Cléopâtre qui fut la plus belle femme de son temps était le fruit d’un inceste royal. C’était même la coutume dans la famille des Ptolémée que le roi épousât sa sœur…

— Cependant…

— Plus j’y réfléchis, plus je considère que nous n’avons pas autre chose à faire… D’ailleurs, nul être au monde ne le saura que nous… Lorsqu’il y a vingt ans, nous avons fait ce que tu sais, nous en avons accepté toutes les conséquences, quelles qu’elles soient. Acceptons encore celle-là comme les autres…

Et puis, il n’y a pas d’autre moyen de faire sortir Hector de la Tour du Silence…

— Mais, dit encore Radegonde, ton fils qui aime Séraphine n’acceptera jamais.

— Il acceptera si on lui dit que la vie de la princesse qu’il aime en dépend…

— Ah ! Je n’ai plus de courage… J’ai peur que cela nous mène à je ne sais quel malheur plus grand encore.

— Allons ! Allons !… Il faut être forte… Après tout, ces jeunes gens ne sont frère et sœur qu’à moitié, puisque, s’ils ont même père, une mère différente leur donna le jour.

Reprends donc tes esprits, retourne dans ton palais et dis au roi que tu consens à ce qu’il t’a demandé… et tâche qu’il me confie le soin de convaincre Hector…

— Ô Gontran, je le ferai puisque tu le veux… Depuis le jour où je t’ai aimé, n’ai-je pas fait tout ce que tu as voulu ? Et aujourd’hui encore, pour un baiser de toi, je commettrais un crime…

— Tu t’exagères la portée de cet acte… Ce n’est un crime que parce que nous n’y sommes point accoutumés dans notre pays…

— Gontran, tu m’aimes encore, toujours. J’ai besoin que tu me le dises pour me donner du courage.

— Te le redire, cela m’est facile, car tu es toujours à mes yeux aussi belle, tu es toujours, malgré les années, aussi fraîche, et mon amour ne s’est pas amoindri… Il me semble, au contraire, que le temps a parfait la beauté de ma Radegonde, et je ressens, à te serrer dans mes bras, un bonheur aussi grand que le premier jour, mes sens sont aussi excités par le parfum de ton corps, mon désir de toi est aussi grand. Ô Radegonde aimée, à tout instant du jour ou de la nuit je suis prêt à te répéter que je t’aime, et à te le prouver avec autant d’ardeur…