Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/24

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paraît pas au même point fatale et nécessaire ; c’est qu’elle semble moins un système préconçu qu’une aventure heureuse. Les navigateurs qui quittèrent Amsterdam, à la recherche de domaines à saisir, n’étaient nullement désireux d’apporter aux peuplades noires, jaunes ou rouges, une civilisation plus raffinée ou une religion plus complexe. Ils voulaient se procurer les essences précieuses, les denrées rares, que l’Europe, dans le développement de sa richesse et de son luxe, réclamait à tout prix. Dans certaines îles de leur empire, ils limitaient strictement le nombre des girofliers, afin de maintenir le cours du produit. Ailleurs ils interdisaient aux blancs, sous peine de mort, l’entrée des districts de culture, de peur de toute indiscrétion et de toute imitation. Les Néerlandais introduisirent, avant les Espagnols de Luçon, les pratiques qui fleurissent aujourd’hui au Congo.

C’est une colonisation capitaliste et strictement mercantile que la nôtre, et nous tâcherons d’en montrer le mécanisme. Là-dessus, J. Ferry pensait au fond comme Crispi, et Guillaume II nourrit la même conception que le président Roosevelt, M. Chamberlain ou feu Cecil Rhodes. Alors que les générations antérieures recherchaient l’or ou les marchandises coûteuses, notre génération se préoccupe principalement d’élargir le marché de son industrie, de parer à la surproduction chronique, qui l’accable. Mais les gouvernements, lorsqu’ils sollicitent, des Parlements, des crédits pour