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ESSAI HISTORIQUE SUR LE NORD DE L’INDO-CHINE.

escorté par des mandarins et avait passé par Xieng Tong. Le Pou Souc avait envoyé une troupe d’hommes armés, commandée par son propre frère, pour s’emparer de ce tribut destiné à la cour d’Ava.

De son côté, Xieng Hong veut chercher querelle à Xieng Tong. Pendant les dernières guerres, beaucoup des habitants de Xieng Hong se sont réfugiés dans la principauté voisine ; celle-ci ne consent à les laisser revenir chez eux que moyennant un impôt variant de trois thes à deux tchaps par personne. « Après la fête de la nouvelle lune, disaient les gens de Xieng Hong, nous allons faire aux Kuns une dernière sommation, et si on ne nous écoute pas nous combattrons. »

En résumé, rien n’est moins définitif que la situation des principautés thai du centre de l’Indo-Chine. Les populations aspirent ardemment à un état de choses moins violent, plus régulier et plus stable, et cette aspiration, qui est générale, favorisera singulièrement les tentatives de la puissance européenne qui viendra s’immiscer dans les affaires de la contrée.

Quant aux Laotiens proprement dits, il est difficile de croire que la domination siamoise, si lourde à porter, si destructive de tout essor commercial, soit la destinée définitive de cette race intelligente et douce, à laquelle il n’a manqué, pour arriver à une civilisation plus complète, que des circonstances géographiques plus favorables à son expansion extérieure et des communications plus fréquentes avec le dehors. Luang Prabang est appelé sans aucun doute à devenir le centre autour duquel se grouperont toutes les populations désireuses de recouvrer leur indépendance. Il appartient à la France de protéger et de diriger ce mouvement d’émancipation, qui aura les plus heureux résultats au point de vue de la civilisation et du commerce de ces belles contrées.